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Trotsky : une vie pour le socialisme
- n° 2123
- Date : 1er septembre 2005

Il y a 65 ans, le 20 août 1940, Trotsky était assassiné sur ordre de Staline, dans son exil au Mexique.


Trotsky n’avait guère d’illusions sur la possibilité d’échapper aux agents staliniens chargés de l’assassiner, malgré l’extrême vigilance dont il s’était entouré. Rester en vie, travailler aussi longtemps que possible, faisaient partie du combat politique, alors que les défaites majeures infligées à la classe ouvrière les années précédentes venaient de déboucher sur une nouvelle guerre mondiale qui devait nécessairement ouvrir une période de bouleversements révolutionnaires - hypothèse vérifiée par le développement des révolutions anticoloniales.

Les motifs de son expulsion d’URSS par le régime stalinien en 1929 - « activité contre-révolutionnaire », volonté de « préparer la lutte armée contre le régime des soviets » - étaient déjà une condamnation à mort officieuse. Cette sentence de mort devint officielle lors des procès de Moscou, dont un des objectifs était de transformer en vérité d’État des monceaux de calomnies accrédités par les aveux publics arrachés, avant leur exécution, aux dirigeants de la vieille garde du Parti bolchevique. Expulsé de France quelques jours après la signature, en mai 1935, du pacte Laval-Staline, Trotsky le fut ensuite de Norvège, quelques jours après la fin du premier procès de Moscou où figuraient, parmi les principaux accusés, Zinoviev, Kamenev, Smirnov... Sur cette « planète sans visa », il n’y eut alors que le Mexique pour lui ouvrir ses portes.

« Toute ma vie consciente »

À la condamnation que la Guépéou lui avait demandé de signer en 1929, Trotsky avait répondu par écrit qu’il refusait de reconnaître « un abandon du combat que j’ai soutenu depuis 32 ans pour la cause du prolétariat international, c’est-à-dire pendant toute ma vie consciente. Ceux qui tentent de représenter cette activité comme “contre-révolutionnaire” sont précisément ceux que j’accuse de violer les principes fondamentaux de l’enseignement de Marx et de Lénine, en attentant aux intérêts historiques de la révolution mondiale, en reniant les traditions d’octobre 1917, en préparant inconsciemment, mais d’autant plus dangereusement, Thermidor ».

Ce refus d’abdiquer, il le manifesta aussi en suscitant une commission d’enquête internationale présidée par l’intellectuel américain John Dewey, devant laquelle il soumit publiquement tous ses faits et gestes, et qui conclut à la fausseté des accusations portées contre lui lors des procès de Moscou. Cette conclusion était, certes, de peu de poids face à l’énorme machine de la calomnie stalinienne - conjugaison d’un pouvoir d’État, de l’ensemble des partis communistes et de nombre d’intellectuels amis de l’URSS -, mais elle revêtait une importance morale considérable dans la lutte qu’il menait pour dégager de ces flots de boue, tant sa personne elle-même que les idées et le combat des marxistes révolutionnaires.

L’un et l’autre ne se séparent pas. Toute sa vie consciente, depuis ses 17 ans - l’âge auquel il devint, en 1896, militant de la social-démocratie russe alors en formation - jusqu’à sa mort, Trotsky a constamment participé au combat pour l’émancipation des opprimés. Comme le furent des milliers d’autres, appartenant à cette génération de militants qui avaient préparé la révolution russe et que Staline devait faire disparaître intégralement, pour imposer l’usurpation par la bureaucratie d’une révolution et d’idées dont elle était le fossoyeur.

Beaucoup de ces femmes et de ces hommes menèrent, aux côtés de Trotsky, la lutte pour la révolution internationale face à la bureaucratie stalinienne. Et quand celle-ci fit de la violence et de l’assassinat une politique, refusant d’abdiquer et de passer aux aveux, ils disparurent sans bruit, sans procès public. Plus nombreux furent ceux qui ont été brisés moralement par la force de la réaction montante, conduits à se renier eux-mêmes avant d’être, eux aussi, éliminés physiquement.

Le parti de Lénine et de Jaurès

Lénine et Trotsky furent seulement deux des représentants les plus remarquables de cette génération, du fait de leur compréhension, de leur psychologie, du rôle qu’ils jouèrent dans les événements. Mais ils avaient en commun avec ces milliers d’autres l’engagement de toute une vie dans le combat de la classe ouvrière, pour le socialisme.

Lénine concentra son action sur la construction d’un parti révolutionnaire en Russie pendant la plus grande partie de sa vie, alors même qu’il passa celle-ci en exil et avait une bonne connaissance du mouvement ouvrier de l’Europe occidentale. Son ambition avait été précisément d’élever le parti russe au niveau du reste de la social-démocratie internationale. « Combien d’entre nous savent ce que c’est que l’Europe, ce que c’est que le mouvement ouvrier ? », disait-il à Trotsky en 1922, lorsqu’il voyait avec désespoir les traits de l’État tsariste, la morgue de sa bureaucratie paraître sous le « vernis communiste », comme lui-même le disait.

Trotsky, que les conceptions de Lénine sur le parti n’avaient pas encore convaincu - il rejoindra le Parti bolchevique au cours de la Révolution russe -, s’était impliqué davantage dans la vie propre du mouvement ouvrier d’Europe et des États-Unis. La connaissance qu’il en avait, les liens qu’il y avait tissés lui ont été probablement d’une utilité, qu’on ne mesure pas toujours suffisamment, dans son combat à la tête de l’Opposition de gauche internationale puis, à partir de 1933, pour la construction de la IVe Internationale.

L’apport de Trotsky est considérable. Dès 1905, il avait formulé la théorie de la révolution permanente, qui a prouvé sa validité après la Russie, en Chine, en Espagne, puis, lors de la vague révolutionnaire qui a succédé à la Deuxième Guerre mondiale dans les pays coloniaux. Le rôle de Trotsky a été « irremplaçable » - comme lui-même le pensait à juste titre - pour préserver les idées du marxisme révolutionnaire, défigurées par le stalinisme. Il y a contribué, en particulier par l’analyse de la dégénérescence de la Révolution russe et du stalinisme. Mais il faut y ajouter la part qu’il a prise dans les luttes sociales et politiques de l’Europe et des États-Unis au cours des années trente, le nombre d’expériences concrètes ou de problèmes tactiques qui se sont posés alors et qu’il nous permet de comprendre, le combat mené pour construire un parti qui aurait réuni en quelque sorte à la fois Lénine et Jaurès.

L’inégalité des forces en présence, l’énorme poids de la réaction stalinienne, contrecoup de la violence de la réaction bourgeoise aux lendemains de la vague révolutionnaire des années 1917-1920, l’ont empêché de mener cette tâche à bien. De ce combat, il nous reste un précieux capital, irremplaçable au moment où l’effondrement du stalinisme crée les conditions d’une renaissance du mouvement ouvrier.

Galia Trépère


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